des textes pour réfléchir

ELOGE DE LA DISPONIBILITE

Préambule : nous avions voulu partager avec vous des munitions pour réfléchir ensemble à cette réforme vers un mode de vie hospitalier, que nous défendons. Nous avions envisagé des partages d’expériences, des ateliers thérapeutiques avec des professionnels du soin, des débats sur l’organisation de l’accueil, des conférences sur la solidarité, des groupes de réflexion sur notre action à Calais…et tout cela est tombé à l’eau avec les mesures de restriction liées à la pandémie. On a donc beaucoup de choses qu’on garde sur le feu pour plus tard et en attendant, on utilise le pis-aller des réseaux sociaux et des mails pour communiquer.

Aujourd’hui, on vous propose une petite esquisse de réflexion sur la disponibilité:

LA DISPONIBILITE, C’EST QUOI?

D’abord, la disponibilité n’est pas un état de fait. On n' »est » pas disponible.
La disponibilité est une action: on se « rend » disponible.

C’est comme ça que nous avons conçu notre action à Migraction : proposer aux volontaires de se rendre disponibles pour participer à l’accueil des exilés.
Cela suppose de hiérarchiser des priorités, de faire droit à l’aide aux exilés, de donner à cette action une place dans sa vie.
Les plus motivés ont choisi de se rendre disponibles un week-end par mois, ce qui a permis et permet toujours la survie du collectif. Merci à eux!

Les autres font ce qu’ils peuvent. Nous sommes tous inondés d’injonctions, de contraintes et aussi de loisirs multiples. Cela nous impose de faire des choix : voir un parent plutôt que d’accueillir, travailler plutôt que d’héberger, aller à un concert plutôt que…etc.
Faire ce genre de choix, c’est se méprendre sur ce qu’est l’accueil.
L’accueil, ce n’est pas le centre aéré. Il ne s’agit pas d’occuper ses invités pendant tout le week-end.
Accueillir, c’est en réalité beaucoup plus simple : ouvrir sa porte, être là pour l’arrivée des invités, partager des repas. Et c’est tout.
Le reste du temps, chacun vaque à ses multiples occupations, à l’intérieur et à l’extérieur de la maison. Et les invités sont heureux de pouvoir se reposer en toute tranquillité, sans que l’on attende quelque chose d’eux, une participation permanente, épuisante.

C’est en cela qu’il est si facile d’accueillir, quelles que soient nos contraintes.
C’est aussi une question de confiance: faire confiance à ses invités à qui on laisse la maison, faire confiance aux membres de l’équipe qui les ont amenés ici… c’est exactement ce qui est au cœur de ce que nous appelons un mode de vie hospitalier : être capable de renverser les relations d’aversion et de méfiance sociales en relations de confiance.

Et pour les exilés, être traités comme des personnes dignes de confiance, eux qui sont sans cesse criminalisés et suspectés de tous les forfaits, c’est le plus beau des cadeaux.

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