LA CHARTE MIGRACTION59
CHARTE DE L’HEBERGEMENT CITOYEN
Ce texte est destiné à faciliter la rencontre entre les hébergeurs et leurs hôtes, afin que celle-ci soit un moment serein, agréable et régulier.
Il a été établi AVEC les exilés bloqués en transit à Calais au moment de la création du collectif.
ETHIQUE ET PRINCIPES DU COLLECTIF
Migraction59, un mouvement de résistance citoyenne
Le collectif Migraction59 réunit des citoyens qui sont en désaccord avec la politique de dénuement et de violence menée envers les migrants, notamment à Calais. Cette politique vise à faire disparaître les migrants en transit dans la région en les privant des moyens nécessaires à leur survie et en utilisant la force publique pour les chasser et les invisibiliser dans des lieux d’exclusion (les « jungles »..).
Contre cette politique, les membres du collectif opposent une hospitalité militante et organisent une forme d’accueil.
Il ne s’agit pas de se substituer à une politique publique inexistante, mais
1) de venir en aide de manière immédiate aux exilés qui peinent à survivre à Calais,
2) de se mobiliser pour montrer au gouvernement que des citoyens sont prêts à accueillir ces migrants en errance, puisqu’ils leur ouvrent leur porte.
Une pratique d’hospitalité
Être membre de Migraction59, cela signifie être actif, faire quelque chose.
Cela signifie s’engager à accueillir les exilés bloqués à Calais et/ou à les conduire entre Calais et Lille.
Nous vous accompagnons dans ces moments d’accueil qui ont lieu chaque week-end, dans la mesure du possible.
Un engagement
Chacun.e s’engage dans le collectif à la mesure de ses moyens et de ses convictions.
Une partie des membres s’engage à accueillir et/ou conduire une fois par mois ou tous les 2 mois. Ces membres permettent à Migraction59 de survivre et d’être opérationnel sur le terrain.
Une autre partie agit de manière plus occasionnelle, et renforce l’accueil « minimal » assuré par les premiers.
Une éthique
Être membre de Migraction59, c’est respecter une certaine éthique, qui nous permet d’adopter de bonnes pratiques et de garantir une action réaliste et responsable.
→ un principe de justice : étant donné que nous ne sommes pas en mesure d’accueillir tous les exilés, mais seulement une petite partie (50 sur 500), nous essayons de ne pas reprendre les mêmes hôtes et de faire en sorte que chacun ait la chance de bénéficier d’un répit en famille. D’où une maxime simple : les hébergeurs ne reprennent pas les mêmes hôtes. Il est possible que cela se présente mais c’est de l’ordre de l’exceptionnel.
→un principe d’équité : en tant qu’hébergeurs, nous devons garantir un traitement équitable des exilés. Cela signifie que chacun essaye d’accueillir de façon similaire, avec générosité mais sans en faire trop. On ne donne pas d’argent, ou de très petites sommes (ou acheter des cigarettes) ; on n’offre pas un week-end trop luxueux. Les exilés se parlent entre eux, tout se sait dans la « jungle », donc nous sommes vigilants à éviter de créer des privilèges qui seront sources de tensions et de colère légitime qui se manifestent alors lors de la répartition du samedi matin.
→des motivations claires : nous pratiquons l’hébergement citoyen pour des raisons politiques (résistance à la politique de non accueil de l’État) et morales (respect des droits de l’homme, préservation de la dignité humaine, etc.).
Ces raisons nous protègent de deux choses :
a) des biais qui traversent inévitablement la relation membres citoyens/hébergés (nous avons tout / ils ont besoin de tout) ;
b) des illusions affectives (nos hôtes ne sont pas nos amis au sens d’affinités électives, ni nos enfants, ni des saints, etc.) ;
→le sens du collectif : tout membre prend conscience que ses actes individuels ont inévitablement des conséquences sur l’ensemble du collectif. Ce que vous faites crée toujours un précédent, qui ne manque pas d’être connu au sein des exilés : une fête alcoolisée, un don d’argent conséquent, une relation intime… tout cela crée de la confusion dans l’esprit des exilés qui ne savent plus ce qu’ils peuvent se permettre ou non dans les familles. D’où l’exigence d’avoir des pratiques et des limites claires.
CONTRAINTES : des sources de difficultés ? des sources d’incompréhension ?
Accueillir chaque week-end
Pour que l’accueil soit possible, un certain nombre de conditions doivent être remplies. Face à des personnes vulnérables, soumises à de grandes violences, exclues et plongées dans le dénuement, on tente d’éviter tout amateurisme.
La grande difficulté pour l’équipe logistique qui va sur le terrain le samedi, c’est de maintenir la confiance et le respect des exilés, et d’apaiser les frustrations de tous ceux qui ne sont pas pris.
Pour que tout se déroule bien dans les familles, cette confiance et ce cadrage sont indispensables, d’où l’importance de maintenir un accueil chaque week-end. Sinon, nous perdons le lien et les exilés ne comprennent pas notre absence.
Accueillir au minimum 40* exilés
Cependant, confrontée à la demande de centaines d’exilés le samedi, l’équipe logistique, après plusieurs mois, a tiré ce constat de l’expérience : en dessous de 40 hôtes, nous sommes débordés par le nombre de mécontents et les tensions sont ingérables.
Le but du collectif n’est ni de susciter l’agressivité envers les membres « logistique », ni de créer des tensions voire des affrontements entre les exilés. De leur propre bouche : « en-dessous de 40 accueillis, pas la peine de venir », parce que nous générons plus de problèmes que de choses positives.
[*ce nombre était de 50 au début du collectif, la situation a évolué avec la crise sanitaire.]
Accueillir des personnes en souffrance
Parfois, l’échange humain espéré n’a pas lieu. Vos hôtes sont épuisés, renfrognés, mutiques ou mal élevés. On ne les accueille pas parce qu’ils sont sympathiques et affables, mais parce qu’ils en ont besoin. Cela peut être heurtant, incompréhensible. Nous sommes là pour en discuter avec vous.
STRUCTURE ET FONCTIONNEMENT DU COLLECTIF
Un collectif ouvert à toutes et tous
Le collectif est ouvert à tous ceux qui souhaitent faire chauffeur et/ou hébergeur pour accueillir les migrants de Calais.
Chacun peut s’approprier Migraction59 de manière autonome, dans le respect de l’éthique et des principes du collectif.Certains diffusent activement auprès de leur entourage, certains organisent l’accueil entre voisins, d’autres invitent leurs amis pendant leur week-end d’accueil pour leur donner envie de passer le cap, d’autres encore proposent des concerts, des événements au profit de Migraction59… Chacun.e essaye à sa manière de faire grandir le réseau.
Le bureau
Organiser l’accueil des exilés, cela suppose de prendre certaines orientations et décisions (par exemple, mettre en place les Journées Migraction59, définir le collectif auprès des médias, rester indépendant des partis politiques, tirer les leçons de l’expérience du terrain…).
Les membres fondateurs se réunissent en bureau pour régler collégialement ces questions et en font part à l’ensemble du collectif.Le bureau comprend 8 membres fondateurs et investis dans la préparation et se réunit toutes les 6 à 8 semaines.
L’équipe logistique
La douzaine de membres de ce groupe gère toutes les questions pratiques liées à l’organisation de l’accueil (gestion du tableau d’inscriptions, interface avec les exilés le samedi matin, communication du rendez-vous aux chauffeurs, réponse aux demandes d’informations, suivi auprès des primos hébergeurs.hébergeuses et primo conducteurs.conductrices, etc.).
Ce sont eux qui sont en contact avec les exilés le samedi à la « jungle » et qui s’exposent aux tensions sur le terrain.
Ils s’occupent des stratégies de communication, des tracts, des affiches, du blog, des événements ….
Ils s’occupent aussi de gérer la cagnotte des dons Migraction59.
Des réunions régulières sont organisées.
Chaque réunion fait l’objet d’un bilan publié sur le groupe.
Le collectif organise aussi des réunions-bilan ouvertes à tous les membres.*
L’usage d’internet
→ la page Facebook Migraction59
C’est la page qui centralise les informations généraux sur le collectif. C’est un espace visible, propice aux témoignages, annonce des manifestations sur le sujet de l’exil, ou partage d’articles de presse.
→ le groupe privé facebook Migraction59-Plateforme d’hébergement citoyen Lille-Calais
C’est la plateforme logistique.
C’est le groupe qui organise de manière pratique l’accueil de chaque week-end.
On n’y poste que des messages liés à l’organisation pratique des week-ends d’accueil (post du tableau, demande de vêtements, conseils pratiques, moments de rencontres du WE).
→ la mailing liste
Pour celles et ceux qui ne souhaitent pas passer par facebook, elle est à la fois logistique et newsletter : elle vous informe de l’essentiel de l’activité de Migraction59 et chaque semaine vous communique le lien vers le tableau du week-end à venir pour que vous puissiez vous inscrire.
! A éviter !
Si vous gardez contact avec certains de vos anciens hôtes et qu’ils passent en Angleterre, merci de ne pas partager la nouvelle sur la page et le groupe, car ce passage n’est pas le but du collectif et n’intéresse certains membres qu’à titre privé.
FONCTIONNEMENT DU WEEK-END D’ACCUEIL
L’inscription au week-end d’accueil
Chaque lundi, le tableau d’accueil (google drive) du week-end est en ligne sur le groupe facebook. Les membres peuvent s’inscrire comme chauffeurs et/ou hébergeurs.
On s’inscrit avant le jeudi, afin de permettre ce travail de finalisation, en précisant bien si on est chauffeur.chauffeuse et/ou hébergeur.hébergeuse, son quartier et son numéro de téléphone.
Le planning des week-ends est en ligne un ou deux mois à l’avance. N’hésitez pas à bloquer un week-end et à vous inscrire à l’avance.
Le week-end :
→Organisation
Le week-end d’accueil démarre le samedi midi jusqu’au lundi matin (heure à déterminer en fonction des chauffeurs/hébergeurs).
Les chauffeurs.chauffeuses et les hébergeurs.hébergeuses se contactent impérativement pour convenir d’un rendez-vous le samedi et le lundi.
Si un hébergeur ou chauffeur ne répondait pas à l’appel, merci de contacter dès que possible la personne en charge du tableau (nom et coordonnées du.de la référent.e indiqués en haut du tableau).
Si un changement intervenait (annulation ou erreur d’inscription), merci de prévenir impérativement la personne en charge du tableau.
→ Conduite (cf guide de la conduite)
Le point de rendez-vous du samedi midi est confirmé par sms le vendredi soir.
Le lundi les chauffeurs.chauffeuses voient directement les exilés qu’ils reconduisent à quel endroit dans Calais ils ont besoin d’être déposés.
Les chauffeurs retrouvent l’équipe logistique à Calais le samedi matin et se voient remettre leurs passagers. Il est important qu’ils se tiennent à proximité de l’équipe, malgré la cohue, afin que l’équipe puisse communiquer avec eux et leur indiquer rapidement leurs passagers.
Ne jamais partir avec des passagers qui ne vous ont pas été remis par un membre de l’équipe.
Les chauffeurs peuvent être amenés à soutenir l’équipe logistique. Vous êtes membres de Migraction59 à part entière, il ne faut pas hésiter à donner un coup de main, à faire bloc au côté de l’équipe qui a la liste, à recadrer les exilés, à contribuer à répartir les passagers dans les voitures.
En cas de contrôle policier ou par la gendarmerie : obtempérez et contactez les référentsdu tableau qui figurent sur le groupe facebook dans le tableau du week-end. Nous opérons en lien avec les procureurs et la force publique, donc même si vos passagers sont arrêtés et conduits au poste, ils seront relâchés.
→ Matériel pour l’hébergement (cf guide de l’hébergement)
Prévoir des brosses à dents et des rasoirs jetables,
Prévoir une tenue de rechange,
Beaucoup d’hôtes sont musulmans ou chrétiens orthodoxes, ce qui signifie qu’ils ne mangent pas de porc. Pour info, à Calais, ils mangent tous les jours du riz.
Privilégier l’hébergement par 2 ou 3, (ils partagent un lit double) afin de réduire leur stress et leur inquiétude. Mieux vaut moins de confort et plus de quiétude !
Eviter de proposer du vin ou de la bière à vos hôtes.
Pour le retour du lundi : si le retour ne permet pas à vos hôtes d’être à Calais avant 15h pour la distribution alimentaire, merci de prévoir des sandwichs pour leur déjeuner.
→ L’arrivée à la maison
Proposer un déjeuner aux hôtes,
Leur proposer de prendre une douche sans tarder,
Prévoir des vêtements de rechange pour laver (sans tarder non plus, le temps que les vêtements puissent sécher) les habits de vos hôtes. Bien leur préciser s’ils peuvent garder ou non la tenue de rechange (you can keep it for you/Don’t keep it, I need these clothes for the next guests)
Formuler les règles de la maison (par ex: ne pas fumer à l’intérieur, ne pas manger dans la chambre…) (cf document règles).
→Les sorties du week-end
Le week-end, autant que possible et hors temps de pandémie, nous essayons de proposer une sortie en commun avec vos hôtes. Ces occasions permettent à nos invités de se retrouver, mais aussi aux hébergeurs de se rencontrer et à tout le monde de partager de bons moments.
Il arrive que ce ne soit pas le cas. Pensez alors à regarder les hébergeurs voisins et proposez leur de partager un repas, une sortie, un goûter.
De votre côté, vous pouvez sortir avec eux, mais attention toutefois aux contrôles policiers et aux contrôles dans les transports en commun.
Ne vous sentez pas tenus d’occuper vos hôtes : beaucoup d’entre eux préfèrent rester au chaud, à l’intérieur, étant donné qu’ils sont tout le temps à l’extérieur. La télévision, la musique, les réseaux sociaux et du repos feront leur bonheur.
→ les petits problèmes ordinaires
Souvent, nos hôtes ont des problèmes de smartphones. Nous organisons des collectes de smartphones afin de pallier cette difficulté. Merci de nous communiquer les besoins de vos hôtes s’ils en ont.
Pensez à solliciter votre entourage également pour le don de vêtements, téléphones, cigarettes. Cela offre à d’autres la possibilité de s’impliquer et ainsi d’aider les exilés.
Les vêtements et les chaussettes sont parfois très usés ou inadaptés. Vous êtes libres de leur offrir vêtements, cigarettes, de les emmener chez le coiffeur, etc, tout en gardant à l’esprit le traitement équitable des exilés reçus dans les familles.
Certains hôtes ont parfois besoin de voir un médecin. Dans ce cas, nous prévenir car nous travaillons avec des médecins.
D’autres vous solliciteront peut-être pour des conseils juridiques. Dans ce cas, nous prévenir afin de les mettre en contact avec les juristes compétents.
Lors du départ, nos hôtes sont parfois perturbés. Merci de veiller à ce qu’ils n’oublient pas chez vous leurs effets personnels.
Il arrive que vos hôtes ne souhaitent pas repartir à Calais le lundi matin et vous préviennent tardivement (en général, ils vont en Belgique). Dans ce cas, prévenir dès que possible votre chauffeur et le gestionnaire du tableau du week-end, et indiquer à vos hôtes de se débrouiller par leurs propres moyens.
Savoir dire non…
L’accueil peut être (souvent) un moment intense d’échange, affectivement chargé.
Pour ne pas ternir ce moment par des déceptions, il faut garder en tête un certain nombre de réalités et se défier de tout angélisme :
→ certains hôtes sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu ; ils sont parfois peu loquaces ou renfrognés. On ne saurait leur en tenir rigueur. Evitez autant que faire se peut de leur poser trop de questions sur leur périple. Laissez leur vous dire ce qui vient.
→ nos hôtes sont des hommes jeunes, qui vivent depuis des mois dans un monde masculin et qui ne sont pas habitués aux mœurs plus libérales des femmes européennes (femmes vivant, travaillant, élevant seule des enfants, fumant, couples homosexuels, etc.). Tous les samedis, avant le départ, nous leur rappelons les règles de bonne conduite de l’hébergement. Néanmoins, dans l’éventualité de comportements pénibles, merci de nous prévenir immédiatement en contactant les référents du week-end.
→ nos hôtes subissent de plein fouet l’asymétrie irréductible entre eux et nous : eux qui sont contraints à survivre dans la « jungle » et nous qui vivons en famille dans nos maisons. Cela peut générer un stress ou une démoralisation supplémentaire. Certains souhaiteront parfois prolonger leur séjour. Ne pas hésiter à rappeler que l’hébergement prévu dure uniquement le temps du week-end.
→ nos hôtes vivent dans le dénuement le plus total. Généralement, ils ne demandent rien. Cependant, si cela arrivait, ne pas hésiter à refuser, l’accueil se limitant au gîte et au couvert.
→ si vous communiquez votre numéro de téléphone à votre hôte, soyez-en sûr : il vous appellera car vous représentez une aide pour lui.
! A ne pas faire !
Certains actes sont illégaux ou dangereux.
A proscrire absolument au sein du collectif :
– le passage des frontières (attention à la frontière franco-belge),
– faire transiter de l’argent par votre compte bancaire pour que votre hôte puisse le recevoir,
– le faire travailler en échange de l’hébergement,
– accepter de l’argent de sa part/ lui donner de quoi payer un passeur,
– ne créer aucun précédent dans votre relation avec vos hôtes, qui nuirait au collectif. Dans la« jungle », tout se sait.
Vous vous posez certaines questions
Est-ce qu’il y a des cas de vols ?
Dans l’expérience de Migraction, nous n’avons pas eu affaire à ce type de situation. Nos hôtes ont trop à perdre s’ils commettent ce genre de délit. Idem en Belgique où aucun vol n’a été signalé après deux ans d’hébergement de milliers de migrants en transit.
Est-ce qu’il y a des cas de gale, poux, puces ?
Il arrive que des épidémies de gale aient lieu à Calais, et dans ce cas, les associations fournissent le traitement adéquat aux migrants. Nous n’avons jamais rencontré ce cas non plus et sommes vigilants afin d’éviter toute contagion au sein des familles accueillantes.
Est-ce légal de transporter des migrants et comment réagir en cas de contrôle policier ?
Oui, le transport des migrants à l’intérieur des frontières nationales et sans contrepartie financière est légal, au motif de les transporter dans le cadre d’un hébergement qui les extrait de leurs conditions de vie indécentes.Pour les chauffeurs : bien penser à prendre vos papiers en cas de contrôle, à être en règle au niveau du contrôle technique. Si les agents de police empêchaient le transport, nous vous conseillons d’obtempérer afin que les faits ne soient pas requalifiés en outrage.
Est-ce légal d’héberger ?
Oui, le « délit de solidarité » a été dépénalisé en 2012. Le Code de l’étranger prévoit que les prestations de restauration et d’hébergement fournies à des personnes vivant dans des conditions indécentes sont autorisées.
fonctionnement du week-end d’accueillir
L’inscription au week-end d’accueil
Chaque lundi, le tableau d’accueil (google drive) du week-end est en ligne sur le groupe facebook. Les membres peuvent s’inscrire comme chauffeurs et/ou hébergeurs.
On s’inscrit avant le jeudi, afin de permettre ce travail de finalisation, en précisant bien si on est chauffeur.chauffeuse et/ou hébergeur.hébergeuse, son quartier et son numéro de téléphone.
Le planning des week-ends est en ligne un ou deux mois à l’avance. N’hésitez pas à bloquer un
week-end et à vous inscrire à l’avance.
La préparation du week-end :
→Organisation
Le week-end d’accueil démarre le samedi midi jusqu’au lundi matin (heure à déterminer en fonction des chauffeurs/hébergeurs).
Les chauffeurs.chauffeuses et les hébergeurs.hébergeuses se contactent impérativement pour convenir d’un rendez-vous le samedi et le lundi.
Si un hébergeur ou chauffeur ne répondait pas à l’appel, merci de contacter dès que possible la personne en charge du tableau (nom et coordonnées du.de la référent.e indiqués en haut du tableau).
Si un changement intervenait (annulation ou erreur d’inscription), merci de prévenir impérativement la personne en charge du tableau.
→ Conduite (cf guide de la conduite).
Le point de rendez-vous du samedi midi est confirmé par sms le vendredi soir.
Le lundi les chauffeurs.chauffeuses voient directement les exilés qu’ils reconduisent à quel endroit dans Calais ils ont besoin d’être déposés.
Les chauffeurs retrouvent l’équipe logistique à Calais le samedi matin et se voient remettre leurs passagers. Il est important qu’ils se tiennent à proximité de l’équipe, malgré la cohue, afin que l’équipe puisse communiquer avec eux et leur indiquer rapidement leurs passagers.
Ne jamais partir avec des passagers qui ne vous ont pas été remis par un membre de l’équipe.
Les chauffeurs peuvent être amenés à soutenir l’équipe logistique. Vous êtes membres de Migraction59 à part entière, il ne faut pas hésiter à donner un coup de main, à faire bloc au côté de l’équipe qui a la liste, à recadrer les exilés, à contribuer à répartir les passagers dans les voitures.
En cas de contrôle policier ou par la gendarmerie : obtempérez et contactez les référents
du tableau qui figurent sur le groupe facebook dans le tableau du week-end. Nous opérons en lien avec les procureurs et la force publique, donc même si vos passagers sont arrêtés et conduits au poste, ils seront relâchés.
→ Matériel (cf guide de l’hébergement)
Prévoir des brosses à dents et des rasoirs jetables,
Prévoir une tenue de rechange,
Beaucoup d’hôtes sont musulmans ou chrétiens orthodoxes, ce qui signifie qu’ils ne mangent pas de porc. Pour info, à Calais, ils mangent tous les jours du riz.
Privilégier l’hébergement par 2 ou 3, (ils partagent un lit double) afin de réduire leur stress et leur inquiétude. Mieux vaut moins de confort et plus de quiétude !
Eviter de proposer du vin ou de la bière à vos hôtes.
Pour le retour du lundi : si le retour ne permet pas à vos hôtes d’être à Calais avant 15h pour la distribution alimentaire, merci de prévoir des sandwichs pour leur déjeuner.
→ L’arrivée à la maison
Proposer un déjeuner aux hôtes,
Leur proposer de prendre une douche sans tarder,
Prévoir des vêtements de rechange pour laver (sans tarder non plus, le temps que les vêtements puissent sécher) les habits de vos hôtes. Bien leur préciser s’ils peuvent garder ou non la tenue de rechange (you can keep it for you/Don’t keep it, I need these clothes for the next guests)
Formuler les règles de la maison (par ex: ne pas fumer à l’intérieur, ne pas manger dans la
chambre…) (cf document règles).
→Les sorties du week-end
Le week-end, autant que possible et hors temps de pandémie, nous essayons de proposer une sortie en commun avec vos hôtes. Ces occasions permettent à nos invités de se retrouver, mais aussi aux hébergeurs de se rencontrer et à tout le monde de partager de bons moments.
Il arrive que ce ne soit pas le cas . Pensez alors à regarder les hébergeurs voisins et proposez leur de partager un repas, une sortie, un goûter.
De votre côté, vous pouvez sortir avec eux, mais attention toutefois aux contrôles policiers et aux contrôles dans les transports en commun.
Ne vous sentez pas tenus d’occuper vos hôtes : beaucoup d’entre eux préfèrent rester au chaud, à l’intérieur, étant donné qu’ils sont tout le temps à l’extérieur. La télévision, la musique, les réseaux sociaux et du repos feront leur bonheur.
→ les petits problèmes ordinaires
Souvent, nos hôtes ont des problèmes de smartphones. Nous organisons des collectes de smartphones afin de pallier cette difficulté. Merci de nous communiquer les besoins de vos hôtes s’ils en ont.
Pensez à solliciter votre entourage également pour le don de vêtements, téléphones, cigarettes. Cela offre à d’autres la possibilité de s’impliquer et ainsi d’aider les exilés.
Les vêtements et les chaussettes sont parfois très usés ou inadaptés. Vous êtes libres de leur offrir vêtements, cigarettes, de les emmener chez le coiffeur, etc, tout en gardant à l’esprit le traitement équitable des exilés reçus dans les familles.
Certains hôtes ont parfois besoin de voir un médecin. Dans ce cas, nous prévenir car nous travaillons avec des médecins.
D’autres vous solliciteront peut-être pour des conseils juridiques. Dans ce cas, nous prévenir afin de les mettre en contact avec les juristes compétents.
Lors du départ, nos hôtes sont parfois perturbés. Merci de veiller à ce qu’ils n’oublient pas chez
vous leurs effets personnels.
Il arrive que vos hôtes ne souhaitent pas repartir à Calais le lundi matin et vous préviennent tardivement (en général, ils vont en Belgique). Dans ce cas, prévenir dès que possible votre chauffeur et le gestionnaire du tableau du week-end, et indiquer à vos hôtes de se débrouiller par leurs propres moyens.
Savoir dire non…
L’accueil peut être (souvent) un moment intense d’échange, affectivement chargé.
Pour ne pas ternir ce moment par des déceptions, il faut garder en tête un certain nombre de réalités et se défier de tout angélisme :
→ certains hôtes sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu ; ils sont parfois peu loquaces ou renfrognés. On ne saurait leur en tenir rigueur. Evitez autant que faire se peut de leur poser trop
de questions sur leur périple. Laissez leur vous dire ce qui vient.
→ nos hôtes sont des hommes jeunes, qui vivent depuis des mois dans un monde masculin et qui ne sont pas habitués aux mœurs plus libérales des femmes européennes (femmes vivant, travaillant, élevant seule des enfants, fumant, couples homosexuels, etc.). Tous les samedis, avant le départ, nous leur rappelons les règles de bonne conduite de l’hébergement. Néanmoins, dans l’éventualité de comportements pénibles, merci de nous prévenir immédiatement en contactant les référents du week-end.
→ nos hôtes subissent de plein fouet l’asymétrie irréductible entre eux et nous : eux qui sont contraints à survivre dans la « jungle » et nous qui vivons en famille dans nos maisons. Cela peut générer un stress ou une démoralisation supplémentaire. Certains souhaiteront parfois prolonger leur séjour. Ne pas hésiter à rappeler que l’hébergement prévu dure uniquement le temps du week-end.
→ nos hôtes vivent dans le dénuement le plus total. Généralement, ils ne demandent rien. Cependant, si cela arrivait, ne pas hésiter à refuser, l’accueil se limitant au gîte et au couvert.
→ si vous communiquez votre numéro de téléphone à votre hôte, soyez-en sûr : il vous appellera car vous représentez une aide pour lui.
! A ne pas faire !
Certains actes sont illégaux ou dangereux.
A proscrire absolument au sein du collectif :
– le passage des frontières (attention à la frontière franco-belge),
– faire transiter de l’argent par votre compte bancaire pour que votre hôte puisse le recevoir,
– le faire travailler en échange de l’hébergement,
– accepter de l’argent de sa part/ lui donner de quoi payer un passeur,
– ne créer aucun précédent dans votre relation avec vos hôtes, qui nuirait au collectif. Dans la
« jungle », tout se sait.
Vous vous posez certaines questions
Est-ce qu’il y a des cas de vols ?
Dans l’expérience de Migraction, nous n’avons pas eu affaire à ce type de situation. Nos hôtes ont trop à perdre s’ils commettent ce genre de délit. Idem en Belgique où aucun vol n’a été signalé après deux ans d’hébergement de milliers de migrants en transit.
Est-ce qu’il y a des cas de gale, poux, puces ?
Il arrive que des épidémies de gale aient lieu à Calais, et dans ce cas, les associations fournissent le traitement adéquat aux migrants. Nous n’avons jamais rencontré ce cas non plus et sommes vigilants afin d’éviter toute contagion au sein des familles accueillantes.
Est-ce légal de transporter des migrants et comment réagir en cas de contrôle policier ?
Oui, le transport des migrants à l’intérieur des frontières nationales et sans contrepartie financière est légal, au motif de les transporter dans le cadre d’un hébergement qui les extrait de leurs conditions de vie indécentes.
Pour les chauffeurs : bien penser à prendre vos papiers en cas de contrôle, à être en règle au niveau du contrôle technique. Si les agents de police empêchaient le transport, nous vous conseillons d’obtempérer afin que les faits ne soient pas requalifiés en outrage.
Est-ce légal d’héberger ?
Oui, le « délit de solidarité » a été dépénalisé en 2012. Le Code de l’étranger prévoit que les prestations de restauration et d’hébergement fournies à des personnes vivant dans des conditions indécentes sont autorisées.